En plus des concerts, la Grange à Musique accompagne des groupes et musicien·nes locaux tout au long de l’année. La GAM compte aussi sur les murs de la Locomotive, un équipement situé à proximité de la gare de Creil, et dans lequel se trouvent une salle polyvalente, un studio d'enregistrement, un espace de répétition et des bureaux.
Dès son arrivée en octobre 2020 en tant que directrice et responsable de la programmation artistique, Ambre Cassini, s'est rendue compte que les propositions culturelles du territoire étaient déjà entre les mains de nombreuses femmes.
Elles ont donc décidé de lancer en collaboration avec ses homologues : « Les Amazones Modernes », un festival multiculturel et pluridisciplinaire dont l'objectif est de mettre en valeur la création féminine.
Cette année, Les Amazones Modernes donnent rendez-vous du 7 au 18 mars pour célébrer une deuxième édition de concerts et de théâtre autour de la figure féminine militante et interculturelle. Nous avons discuté avec Ambre Cassini pour en savoir plus sur ce qui sera le coeur de cette nouvelle édition.
Ambre Cassini nous détaille les spécificités de ce projet qui fait de la culture le sujet, l’objet et le complément de l’émancipation féminine. :
Comment est née l'idée de créer un festival autour de la création féminine ?
L’idée est née au moment de ma candidature à la direction/programmation de la Grange à Musique. J’ai dû écrire mon projet artistique et culturel pour le lieu. Je travaillais déjà sur le territoire creillois depuis 4 ans et j’avais constaté qu’on avait la chance d'être plusieurs femmes à la direction de lieux ou de services culturels. Je me suis dit que nous devrions potentiellement nous réunir pour un événement et pour pouvoir mettre en valeur et affirmer cette présence. Comme nous avions déjà le désir de collaborer en tant que femmes et professionnelles, en faire le thème du festival avec la diffusion de création artistique féminine s'est imposé naturellement.
Quels sont les lieux culturels qui se sont associés pour cette édition ?
Nous sommes 9 lieux dans 5 villes différentes (Creil, Méru, Montataire, Nogent sur Oise, et Villers Saint Paul). Dans le cadre du festival, on propose du théâtre à la Faïencerie (Creil), et de la musique au Palace (Montataire), au Théâtre du Thelle (Méru) et chez nous. Nous avons aussi prévu une sorte de comédie musicale à Villers Saint Paul. Puis une rencontre littéraire avec Julien Marsay à la médiathèque de Creil. Nous avons enfin, un spectacle dédié aux élèves des écoles de Nogent sur Oise.
Nous avons aussi monté un projet d’actions culturelles avec le lycée de Creil : un podcasts qui interroge les stéréotypes de genres. Des élèves et des metteurs et metteuses en scène questionnent et recueillent des avis et témoignages de tous genres sur le sujet pour construire une réflexion qui prendra cette forme audio.
Nous avons aussi monté un projet d’actions culturelles avec le lycée de Creil : un podcasts qui interroge les stéréotypes de genres. Des élèves et des metteurs et metteuses en scène questionnent et recueillent des avis et témoignages de tous genres sur le sujet pour construire une réflexion qui prendra cette forme audio.
Quelle est la responsabilité de chaque structure ? Qui fait quoi ?
Chaque structure qui intègre le projet propose une idée de programmation. L’année dernière ça commençait avec le Palace de Montataire. Ils ont programmé un atelier de danse et un spectacle de danse. La Faïencerie avait sur la même période programmé le concert d'Angélique Kidjo. La ville des Nogent Sur Oise avait programmé un spectacle de Tania de Montaigne. Ça se fait assez naturellement. On se fait confiance entre programmatrices du territoire et en nos expertises.
Chaque structure s'appuie ainsi sur les productions des autres mais gère sa propre billetterie. On crée autour de ces productions respectives un programme commun, sous la bannière du festival dont on relaye ensuite la communication.
Cette année on a des nouveaux partenaires : Par exemple, la ville de Méru s'est associée au projet et ils ont une nouvelle directrice des affaires culturelles qui vient d’arriver. Elle nous a demandé comment ils pouvaient s'intégrer aux Amazones Modernes et je lui ai expliqué qu'ils avaient le champ libre et qu'il fallait juste mettre en avant des créations féminines.
Chaque structure s'appuie ainsi sur les productions des autres mais gère sa propre billetterie. On crée autour de ces productions respectives un programme commun, sous la bannière du festival dont on relaye ensuite la communication.
Cette année on a des nouveaux partenaires : Par exemple, la ville de Méru s'est associée au projet et ils ont une nouvelle directrice des affaires culturelles qui vient d’arriver. Elle nous a demandé comment ils pouvaient s'intégrer aux Amazones Modernes et je lui ai expliqué qu'ils avaient le champ libre et qu'il fallait juste mettre en avant des créations féminines.
Quels sont les défis de travailler sur ce mode de fonctionnement ?
On a malheureusement perdu quelques partenaires en raison des problèmes de calendrier. D’ailleurs, notre volonté est toujours d’accepter les structures qui souhaitent collaborer. Je me demande toujours si on doit fermer la porte aux structures qui n’ont pas des femmes dans les postes à responsabilité, ou qui ne travaillent pas sur la programmation. Mais ça serait dommage de les exclure : même si une équipe est constituée de responsables hommes, s'ils veulent mettre en avant une femme artiste sur cette période, et marque une vraie volonté de s’impliquer dans une démarche plus inclusive, on pourrait les intégrer.
Quel est le soutien financier public ou privé dont vous disposez pour ce projet ?
La particularité des « Amazones Modernes » c’est le fait que c’est très autonome pour chaque structure qui y participe. En tant que l'initiatrice du projet, c’est nous qui gérons la communication du projet et on fait ça avec notre budget à nous. Puis, chaque structure finance elle-même ses activités. L’objectif n’est pas de faire quelque chose de vertical, et pour moi ce travail commun en horizontalité c’est l’assurance de notre autonomie à toutes.
Nous n'avons pas les mêmes disciplines artistiques, ni les mêmes temporalités ou les mêmes budgets. Le festival a donc pris forme par la seule volonté de chaque structure et de ce qu'elle pouvait et souhaitait apporter. Nous n’avons pas demandé de financements publics spécifiquement pour soutenir cette idée, nous n’avons pas non plus discuté budget ni comparé nos investissements : ce n'est pas notre démarche, mais plutôt de continuer à impulser une politique de programmation culturelle et commune qui met en avant les femmes, et de le rendre public et visible de toutes et tous.
Nous voulons que les gens voient l’affiche du festival et se disent « Si ce lieu fait partie de la programmation, nous savons qu'il y a des femmes qui y sont à des vrais postes de responsabilités ».
Nous n'avons pas les mêmes disciplines artistiques, ni les mêmes temporalités ou les mêmes budgets. Le festival a donc pris forme par la seule volonté de chaque structure et de ce qu'elle pouvait et souhaitait apporter. Nous n’avons pas demandé de financements publics spécifiquement pour soutenir cette idée, nous n’avons pas non plus discuté budget ni comparé nos investissements : ce n'est pas notre démarche, mais plutôt de continuer à impulser une politique de programmation culturelle et commune qui met en avant les femmes, et de le rendre public et visible de toutes et tous.
Nous voulons que les gens voient l’affiche du festival et se disent « Si ce lieu fait partie de la programmation, nous savons qu'il y a des femmes qui y sont à des vrais postes de responsabilités ».
Comment le festival a-t-il participé au développement de la Grange à Musique ?
Pour moi ça a été vraiment un levier de politique d’égalité et d'inclusion. C’est aussi une manière de montrer au public que la présence des femmes dans les postes des directions n’était pas qu'une question de quota mais avant tout une question de projet et de collaboration.
En quoi cette deuxième édition sera-t-elle différente de la précédente ?
Il y aura un peu plus de musique cette année et en tant que salle des musiques actuelles, cela nous rend heureux de voir que c’est soit l'esthétique principale. Au-delà de la création artistique féminine, j’aime bien l’idée de mettre en avant militantisme et interculturalité. On est dans une ville où de nombreuses nationalités coexistent. Ne mettre en avant que des projets portés par des femmes blanches serait vraiment hors contexte. Cette année nous avons la chance d’avoir des propositions comme Les Forteresses, Souad Massi, Les Mamans du Congo & Rrobin etc. Je trouve que cette année la programmation s’ouvre vraiment sur la création artistique d’autres origines et continents.
Concrètement comment se passent « Les Amazones Modernes » ?
On commence le festival avec une première soirée introductive et conviviale qui met en avant une découverte musicale. L’année dernière c’était Zaho de Sagazan qui est en pleine explosion et cette année c’est Pi Ja Ma qu’on accueille. On en profite pour organiser un blind test convivial : c’ est toujours fun; et évidemment nous ne passons que des chansons interprétées par des femmes. On clôture le festival avec les Mamans du Congo & Rrobin et DJ Carol, une artiste activiste de la scène électronique lilloise.
Quel sera, selon toi, le temps fort du festival cette année ? Y a-t-il un concert/rencontre spécifique qui te tient à cœur ?
J’ai un respect tellement fort pour Souad Massi et je pense que son concert va être un moment assez magique. J’ai également hâte de voir le spectacle des Forteresses qui réunit trois femmes originaires d’Iran et qui dressent un portrait de leur enfance et la révolution qu’elles ont connue. Elles ont une scénographie assez particulière vu qu’elles ont voulu recréer une sorte de petit espace de salon de thé avec du public. Ça devrait être très émouvant.
Le festival est encore très récent. Y a-t-il des aspects que vous aimeriez développer davantage pour les prochaines éditions ?
Nous aimerions essayer de développer notre communication. Pour l’instant le festival est très visible dans notre ville à Creil mais pas autant dans le reste du territoire. On a déjà des points d’accroche avec des villes comme Beauvais et Clermont. Nous aimerions travailler avec ces villes afin d'élargir notre périmètre. Le festival est encore très récent et je pense qu'il se développera au fil des années. Je ne veux pas faire preuve d'une ambition démesurée en prévoyant un mois de spectacle, etc. Nous venions tout juste de sortir de la pandémie et nous avions donc des inquiétudes quant à l’organisation de cette deuxième édition. L'édition de l'année prochaine sera plus solide et permettra d’installer les choses plus en confiance.